Voyage à l'origine du Café - Ethiopie 2020
Voyage à l’origine du café – ETHIOPIE
2020
Les cafés de Jimma à la forêt de
Kaffa
L’Ethiopie est le pays d’origine du café arabica. La légende
du berger Kaldi est déclinée de manière différente selon que l’on visite la
zone de Jimma, Kaffa, Sidama ou Harar. Il y a néanmoins toujours des chèvres et
un berger !
Ce voyage a débuté à Jimma, puis Agaro pour aller visiter la
station de lavage de Kota. Nous sommes ensuite partis pour Bonga dans la région
de Kaffa pour visiter les cafés de forêts et les coopératives qui préparent le
café. De retour à Addis-Abeba, nous avons visité une « dry mill » ou
minoterie de café, entreprise qui permet de trier, nettoyer et sélectionner les
grades et qualités des cafés pour l’exportation. Tout cela du 25 janvier au 2
février 2020.
L’Ethiopie, pays de plus 1'000'000 de km2, compte
aujourd’hui plus de 110 millions d’habitant avec une croissance annuelle de 2.5
millions d’habitants (4.9 enfants par femme, en moyenne !). Le taux
d’alphabétisation est de 51% et continue à s’accroître preuve d’une éducation qui
s’améliore malgré des infrastructures délabrées en zone rurale. La religion
principale est le christianisme (orthodoxe) suivi par l’islam. AL langue
principale est l’amharique, mais il existe des dizaines d’autres langues dans
le pays. Le pays est en plein boum économique (+6.7% du PIB en 2018) surtout
porté par la consommation interne. Le taux d’inflation était de 11% en 2017.
Le café en Ethiopie
Au jourd’hui (2020) l’Ethiopie est le 5ème
producteur mondial de café avec un peu plus de 8 millions de sacs produits dont
la moitié pour la consommation interne. Cela représente plus de 30% des
exportations en valeur (2010). C’est un des rares pays producteur de café qui
consomme beaucoup de café. Le café est donc rituélique et culturel. La
cérémonie du café est présente dans chaque recoin du pays et c’est magnifique,
même si la torréfaction sur poêle n’est pas ce que nous enseigne la SCA. Il
existe plusieurs zones de culture du café réparties plutôt au sud d’Addis
Abeba.
Ci-dessous, la carte des différentes régions du café selon
un projet de Technoserve financé par Nespresso et la fondation Bill &
Melinda Gates.
Il existe en Ethiopie 4 types de cultures de cafés :
1.
Le café de forêt qui a un rendement très faible
(<100kg/ha) et qui est vraiment dans des zones forestières. Les variétés
sont évidemment sauvages ou originelles (Heirloom).
2.
Le café de semi-forêt qui a un rendement un peu
supérieur au café de forêt et qui se trouve dans un préau de forêt plus adapté
à la culture de caféiers. Les variétés sont identiques à celles des cafés de
forêts.
3.
Les
« Garden coffees », caféiers cultivés sur le terrain d’une famille,
sur 1 à 2 ha. La culture est simplifiée et les variétés sont similaires à
celles des cafés de forêts. Une très grande partie des cafés d’Ethiopie est
produit par ce type d’exploitation familiale souvent réunie en coopérative.
4.
Les plantations sur des dizaines ou centaines
d’ha. Les variétés sont cette fois-ci très bien définies et sont issues des
centres de recherches agronomiques proches des zones de plantations.
Ces 4 types de production donnent donc des cafés au profils
différents et correspondants aux besoins des acheteurs du monde entier. Les
grades supérieurs (1 ou 2) sont réservés à l’exportation alors que les grades
inférieurs sont réservés au marché local.
Coopérative Kota – région Jimma/Agaro
La coopérative Kota près d’Agaro réunit des fermiers qui se
situent à 1700-2200m d’altitude. Elle possède une station de lavage où la
coopérative peut traiter son café selon le procédé « lavé », mais
depuis l’année dernière, le procédé « naturel » est aussi disponible.
C’est avec cette coopérative que 10 sacs de cafés Kota Grade 1 naturel ont été
envoyés au CQI (Coffee Quality Institute) pour une évaluation objective. Pour
sa première production, ce café a obtenu un score très encourageant de 85.00.
Les coopératives se réunissent en « union » pour la logistique de la
zone de production jusqu’à l’exportation de Addis Abeba à Djibouti.
Les cafés de forêts :
Les cafés de forêts sont des caféiers au milieu des forêts
et produisent du café « sauvage ». Néanmoins, le volume de ces cafés
de forêt ne suffit pas pour satisfaire toute la demande mondiale, sous la
dénomination « Forest Coffee », on trouve des cafés de forêt,
semi-forêt et garden coffee. D’un point de vue variétal, cela reste cohérent
avec les variétés originelles de ces régions.
Petit rappel :
Pour 6kg de cerise de café, on obtient 1.2kg de café parche
et 1kg de café vert prêt à l’exportation.
Chaque jour, un bon récolteur peut récolter plus de 100kg de
cerises de café pour un prix de 0.10USD/kg.
ECX (Ethiopian Commodity Exchange)
L’Ethiopie n’est pas réellement aligné au marché des futures
(marché à terme). C’est plutôt un « spot market » qui vend à la
bourse selon la demande du marché, des cafés qui sont disponibles. Les prix des
cafés sont aujourd’hui supérieurs aux prix du marché à terme. Néanmoins, ces
prix ne peuvent pas non plus être trop distants car les acheteurs préféreront
se tourner vers des cafés plus accessibles.
Il y a encore quelques années, l’ECX était la plateforme
incontournable pour acheter et vendre des cafés d’Ethiopie selon les régions et
grades. Avec l’avènement des cafés de spécialités et le besoin de traçabilité,
ce système était insatisfaisant pour le marché des « Specialty
Coffees ». l’ECX s’est donc peu à peu modernisé pour satisfaire à cette demande
croissante. Aujourd’hui, l’ECX règle encore les contrats entre acheteurs et
vendeurs, mais les unions de coopératives et certaines sociétés privées
d’export ont des licences pour gérer l’export de cafés. La traçabilité est donc
maintenue, jusqu’à la station de lavage de la coopérative car remonter jusqu’à
la ferme est quasiment impossible !
Prix minimum en 2020
Cette saison (2019/20) a été très bonne pour les
agriculteurs. Le prix de la cerise a atteint 25 ETB (Ethiopian Birr) en
Janvier, plus du double du taux moyen de l’année dernière. Les raisons sont
nombreuses et principalement spéculatives, allant d’une faible année de récolte
à l’intensification de la concurrence entre les stations de lavage au cours des
deux dernières années. Le prix actuel se traduit par USD 5,60 par kilo de café
vert ce qui est largement supérieur au prix du marché à terme ! Il n’y a aucun
autre pays au monde où les producteurs sont payés autant pour le café non transformé.
C’est un des avantages certains des contrats « stock » en comparaison
des contrats à terme.
Pour terminer : projet avec la coopérative Kota
– Jimma grade 1, naturel
Un projet exploratoire a été mené avec Jacques Prodolliet et
Ennio Cantergiani avec l’aide de CoQua en Ethiopie. Il s’agissait de préparer un
« Specialty Coffee », grade 1 et naturel d’une coopérative qui
n’avait jamais essayé ce procédé pour des cafés de haute qualité. 10 sacs ont
été acheminés en septembre 2019 à Genève et 2 kg de café vert ont été envoyé au
Coffee Quality Institute pour une évaluation objective de sa qualité. Les
résultats se trouve ci-dessous :
Bien entendu, nous allons réitérer cette expérience en
modifiant quelques paramètres, notamment un temps de séchage au soleil plus
long, en maintenant les cerises quelques jours à l’ombre au début du processus
de séchage. Nous allons aussi essayer d’importer du café de forêt de la zone de
Kaffa, toujours grade 1 et naturel !
Je remercie Jacques Prodolliet, Hugues Brevard, la
coopérative Kota et toutes les personnes qui nous ont accompagnées et guidées
pendant ce périple éthiopien !
Merci d'avoir raconté ce voyage très inspirant!
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